Ataraxie

Ataraxie

Pascal Chabot


La balance

Nier l'humain en remplaçant l'intuition et le savoir-faire par la norme !!

Un texte nécessaire, tant par l'idée qu'il véhicule que par le vocabulaire employé qui résonnera aux oreilles de certains ... peut être.

 

Extrait de Pascal Chabot, Global burn-out, éditeur : Presses Universitaires de France.  

 

Si ces troubles sont aujourd’hui nombreux, c’est que l’intuition et la norme divergent comme jamais auparavant. L’idéal ancien d’harmoniser l’équilibre personnel et l’équilibre social est dépassé.
Nous portons le deuil de l’équilibre intuitif, défini par Aristote comme la recherche d’un juste milieu que lui inspirait la contemplation de la nature, la compréhension du rôle des humeurs dans le corps humain et la méditation sur la stabilité des sociétés. Il était une fin en soi, puisque l’harmonie était recherchée pour elle-même, pour sa beauté et la joie qu’elle procure.
Mais l’équilibre est aujourd’hui devenu un moyen. Il n’est plus l’objet d’un désir personnel, artistique ou philosophique, mais un processus qui permet d’attendre une norme définie extrinsèquement. C’est en effet de l’extérieur du système, dicté par exemple par des impératifs de performance, de rentabilité ou de réduction des coûts, que le but d’un comportement sera défini. L’équilibre normatif, qui peut se passer du juste milieu lorsqu’il est interprété en contrainte technologiques, a désormais détrôné l’équilibre intuitif. Leur disjonction s’enracine là, et ne fait que s’accroitre parce que de nouvelles normes sont sans cesse édictées et qu’elles n’ont parfois plus de contreparties vécues. L’intuition cette boussole qui disait à l’individu ce qui était trop ou trop peu, n’a plus droit de cité.
Pour comprendre la portée du passage d’un équilibre comme but à un équilibre comme moyen, rien n’est plus utile que de méditer sur deux modèles de balance : une ancienne balance à deux plateaux et un pèse personne électronique. La première, qui correspond à l’équilibre aristotélicien, indique le juste milieu. On voit de quel côté penche la balance, et donc, intuitivement, on perçoit le trop et le trop peu. Cet objet technique devenu symbole universel, a été détrôné par le pèse personne électronique. Qu’y voit-on ? Un nombre. En matière d’équilibre, c’est toute la dimension intuitive, pourtant fondatrice, qui est alors oubliée.

25/08/2016
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Ressources épuisables

Pascal Chabot

est philosophe, il enseigne à l'Ihecs de Bruxelles.

 

 

Extrait de : Pascal Chabot, Global burn-out, éditeur : Presses Universitaires de France.

 

Nous épuisons la terre. La biosphère est transformée en une ressource. Face à la nature, nous n'avons plus l'attitude de contemplatifs mais d'exploitants qui cherchent en elle ce qui pourrait leur profiter ...
Or, cet épuisement prend de nos jours une extension nouvelle. Il atteint certaines personnes ...
... Des méthodes de management hallucinantes sont inventées. Elles assujettissent, contrôlent, pressent, créent des délateurs et cassent des solidarités. L'humain est une ressource : qu'il dégorge lui aussi, ses meilleures énergies, sa sueur, son temps. Il est de toute façon surnuméraire, et donc remplaçable.

13/06/2016
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