Ataraxie

Ataraxie

Centaurea groupe jacea : identification d'espèce.

 

Centaurea jacea est une plante annuelle de la famille des Asteraceae, sous famille des Carduoïdés à laquelle appartiennent également le bleuet, les chardons, les cirses, la bardane. Son inflorescence est composée de nombreux fleurons tubuleux disposés en capitule au sommet d’un involucre de nombreuses bractées (ou écailles) se chevauchant et dont la forme n’est pas sans rappeler la tête de l’artichaut qui appartient d’ailleurs à la même famille.

Sa taille varie de 30 à 60 cm de haut, les feuilles sont entières, ovales à lancéolées, l’involucre est globuleux de 1 à 1,5cm de large. Sur les fleurs, de couleur rose à pourpre, les fleurons extérieurs peuvent être plus développés polylobés et rayonnants.

 

DSC03540

De Pors Peron à la pointe de Beuzec (29) ; 7 août 2019.

 

Une première distinction peut être faite avec Centaurea scabiosa qui peut atteindre 120 cm de haut et dont les feuilles sont complètements divisées en segments entiers. L’involucre est plus large jusqu’à plus de 2 cm.

 

Au sein d’un groupe dénommé Centaurea jacea « au sens large », la forme des écailles et de leurs appendices mais aussi l’aspect des fleurs, toutes tubulaires ou avec des extérieures rayonnantes, sont classiquement utilisés comme caractères de classification des Centaurées de ce groupe.

 

Centaurea jacea :

- les fleurons de la périphérie sont plus grands que ceux du centre, rayonnants et stériles.

- les écailles de l’involucre ont des appendices entiers ou irrégulièrement lacérés

- préférence méditerranéenne, pelouse sèches calcaires.

Centaurea nigra :

- les fleurons sont homogènes, tous tubulaires.

- les écailles de l’involucre ont des appendices pectinés, à cils longs, flexueux, souvent entremêlés.

- préférence atlantique, prairies neutres et acides humides.

 

Centaurea gpe jacea

 

Les images de cet articles illustrent les difficultés d'identification que j'ai pu rencontrer, me poussant à approfondir le sujet.

Les feuilles lancélolées non découpées permettaient d'exclure C. scabiosa. Les fleurons périphériques bien rayonnant orientaient  vers C. jacea, néanmoins la situation atlantique et les appendices très découpés et couvrant de l'involucre de bractées bien visibles sur l'image ci dessus étaient plus en faveur de C. nigra.

 

Pour certains auteurs ces caractères apparaissent depuis bien longtemps inconstants et, de fait, leur utilisation doit être discutée. Les travaux taxonomiques menés au sein de ce groupe aboutissant selon les auteurs et les études de une seule espèce polymorphique jusqu’à une douzaine d’espèce différents.

Les croisements entre les taxons présumés, y compris les plus « éloignés » (nigra et jacea) sont possibles et produisent une descendance viable ; l’hybridation des caractères ajoutant d’ailleurs à la difficulté d’une éventuelle identification. Ceci, en plus de l’absence d’une distinction morphologique stable et d'une homogénéité de structure pollinique pourrait donc être le fait d’une seule espèce biologique constituée de sous-espèces ou variétés.

 

Joli clin d'oeil à l'interdépendance évolutive plante/animal, pour un auteur britannique, la proximité de croissance de Centaurea scabiosa et Centaurea nigra sur certains sites pourrait être à l’origine d’une compétition vis à vis des pollinisateurs à priori en défaveur de Centaurea nigra. Sur ces sites, pour palier à cette difficulté Centaurea nigra aurait pu évoluer vers une forme à capitule avec fleurons périphériques développés comme Centaurea scabiosa pour acquérir le même pouvoir attractif visuel et aurait également retardé de quelques semaines sa période de floraison.

 

Désormais, par la puissance de la biologie moléculaire, Centaurea jacea et Centaurea nigra sont considérés comme faisant partie d’un même complexe certes polymorphe mais monophylétique : Centaurea groupe jacea.

 

DSC03543

De Pors Peron à la pointe de Beuzec (29) ; 7 août 2019.

 

 

à suivre ...

 

 

Support bibliographique :

 

Müller H. Polymorphism of the Flower-heads of Centaurea Jacea. Nature 1882 ; Jan 12 ; 241.

 

Gadeceau E. Observations critiques sur le groupe de Centaurea jacea L. Bulletin de la société botanique de France 1920 ; 67 : 56-64.

 

Gardou C. Recherches biosystématiques sur la Section Jacea CASS. et quelques sections voisines du genre Centaurea L. en France et dans les régions limitrophes. Feddes Repertorium 1972 ; 83 : 311-472.

 

Lack A. Competition for pollinators and evolution in Centaurea. New phytol. 1976 ; 77 : 787-92.

 

Garcia-Jacas N. et coll. The natural delimitation of Centaurea (Asteraceae : Cardueae) : ITS sequence analysis of the Centaurea jacea group. Plant. Syst. Evol. 2000 ; 223 : 185-99.

 

Hardy OJ et coll. Ecological, morphological and allozymic differenciation between diploid and tetraploid knaweeds (Centaurea jacea) from a contact zone in the Belgian Ardennes. New phytol 2000 ; 146 : 281-90.

 

Dupont F. et Guignard JL. Botanique, Les familes de plantes. 16ème édition. Editeur : Elesevier Masson. Issy les Moulineaux 2015.



19/04/2020
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 20 autres membres