Ataraxie

Ataraxie

Un érable en fleur. A la recherche des origines.

Le printemps est tardif en altitude et le soleil bas en cette fin mars à Labaroche.

Il est le seul arbre en fleur dans cette haie sans feuille.

Des grappes de fleurs dressées, de couleur vert pâle tirant vers le jaune.

Au sol, les feuilles mortes sont découpées en 5 lobes aux extrémités pointues. Entre les lobes, les découpes sont arrondies.

L’écorce du tronc est finement craquelée longitudinalement.

 

L’érable plane Acer platanoides est un arbre à feuilles caduques. Les feuilles sont opposées, grandes (10 à 30 cm), à l’extrémité d’un long pétiole laissant apparaître une goutte de suc laiteux lorsqu’il est arraché de l’arbre. En automne, le feuillage se pare d’une teinte jaune rouge spectaculaire.

Les fleurs regroupées en grappes se dressent avant l’apparition des feuilles, fin mars début avril. Le calice et la corolle de cinq pièces chacun entourent huit étamines sur un disque nectarifère et un ovaire prolongé par un style au stigmate bifide. Un même arbre porte le plus souvent des fleurs hermaphrodites, mais peut parfois porter également des fleurs uniquement mâles ou femelles. L’espèce est dite polygame. Les abeilles sont attirées par le nectar produit par les fleurs.

Le fruit caractéristique des érables (la samare) est constitué de deux hélices ou ailes membraneuses accolées contenant chacune un fruit sec (akène).

 

Les érables formaient historiquement la famille des Aceraceae.

Leur inclusion récente ainsi que celle du marronnier (anciennement Hippocastanaceae), à la faveur de certaines études phylogéniques récentes (APG II et APG III), dans la famille des Sapindaceae comportant des espèces essentiellement tropicales (Litchis, Guarana …), ne semble pas faire l’unanimité.

Le genre « Acer » est un groupe monophylétique, c’est à dire regroupant une espèce ancestrale unique ainsi que la totalité de ses descendants. Avec près de 150 espèces, les érables sont très présents dans les forêts de l’hémisphère nord. Une présence très ancienne attestée par la découverte de fossiles.

La plus grande diversité avec plus d’une centaines d’espèces se trouve sur le continent asiatique, le reste étant observé en Amérique du nord, Europe et Afrique du nord.

C’est pourtant en Alsaka qu’on été découverts des fruits fossilisés datant du paléocène (60 millions d’années), donc beaucoup plus anciens que les fossiles du continent asiatique datant du miocène (20 millions d’années).

Cette opposition apparente entre grande diversité d’espèces asiatiques mais plus vieux fossile sur le continent américain pose la question de l’origine ancestrale du genre « Acer » : Amérique du nord ou Asie ?

 

Des analyses phylogénétiques effectuées par une équipe chinoise accorderaient une plus grande probabilité à une origine ancestrale asiatique du genre « Acer ». Les érables se seraient ensuite dispersés vers l’Europe et l’Amérique du nord.

De fait, les espèces euro-méditerranéennes et nord-américaines du genre « Acer » ne constituent pas un sous groupe homogène issu d’un ancêtre commun et suggérent donc des origines multiples.

Une première migration apparemment restreinte au départ de l’Asie aurait eu lieu au cours de l’éocène (55 millions d’années) via le « Bering Land Bridge » reliant l’Asie de l’est et l’Amérique du nord. Le refroidissement du climat et les glaciations, il y a 30 millions d’années (oligocène) aurait ensuite limité la migration des espèces et provoqué un extinction importante d’espèces dans les régions euro-méditerranéennes et nord-américaines en comparaison des régions de l’Asie qui n’auraient pas connu de grande couverture glaciaire.

Une seconde migration de l’Asie vers l’Europe ou encore de l’Asie vers l’Amérique du nord par le « Bering Land Bridge »  voire le « North Atlantic land bridge » aurait suivi au cours du Miocène (20 millions d’années), favorisée par le réchauffement climatique et l’augmentation de la diversité des insectes du milieu de cette période.

Il est ainsi probable que ce soit à la faveur de cette « deuxième vague » que soient passés vers l’est les ancêtres des érables rouges et des érables à sucre aujourd’hui emblèmes des états du continent nord américain et que ce soit entre autre élargie vers l’ouest, en Europe, la présence des « ancêtres » de notre érable plane (Acer platanoides) décrit ci dessus.

 

Références.

 

Schaffner JH. Questionnaire on certain facts bearing on the theory of sexuality and chromosome constitution. Science 1926 ; 43 : 384-5.

 

Buerki S, Forest F, Acevedo-Rodríguez P, Callmander MW, Nylander JA, Harrington M, Sanmartín I, Küpfer P, Alvarez N. Plastid and nuclear DNA markers reveal intricate relationships at subfamilial and tribal levels in the soapberry family (Sapindaceae). Mol Phylogenet Evol. 2009 ; 51 : 238-58.

 

Buerki S, Porter P. Lowry PP, Alvarez N, Razafimandimbison SG, Küpfer P, Callmander MW. Phylogeny and circumscription of Sapindaceae revisited: molecular sequence data, morphology and biogeography support recognition of a new family, Xanthoceraceae. Plant Ecology and Evolution Fast Track 2010 : 1-12.

 

Gao J, Liao PC, Huang BH, Yu T, Zhang YY, Li JQ. Historical biogeography of Acer L. (Sapindaceae): genetic evidence for Out-of-Asia hypothesis with multiple dispersals to North America and Europe. Sci Rep 2020 ; 10(1) : 21178.

https://doi.org/10.1038/s41598-020-78145-0

 

Reille M. Dictionnaire visuel des arbres et arbustes communs. Editions Ulmer. Paris 2015.

 

Dupont F et Guignard JL. Botanique. Les familles de plantes. 16ème édition. Elsevier Masson. Issy les Moulineaux 2015.

 

Bosch M. Reconnaître facilement les arbres par leurs feuilles. Editions Ulmer. Paris 2018.

 



05/04/2021
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 20 autres membres