Ataraxie

Ataraxie

Asteraceae


Arnica montana

Arnica montana (Asteraceae)

 

Arnica montana est une plante vivace, de 20 à 60cm, de la famille des Asteraceae ; elle fleurit dans les Vosges sur les hautes chaumes en juin juillet.

La tige simple ou divisée est couverte de petits poils. Les feuilles sont ovales, lancéolées, nervurées, également recouvertes de poils courts ; elles sont disposées en rosette à la base de la plante et en paires opposées sur la tige. L’inflorescence est formée de capitules de 7 à 8 cm de diamètre de couleur jaune orange. Le capitule est formé d’un réceptacle alvéolé, entouré de petites bractées lancéolées vertes à jaunâtres, sur lequel sont implantées les fleurs centrales tubulées et les fleurs périphériques ligulées. Les petites fleurs centrales sont hermaphrodites, la corolle est tubuleuse à cinq dents et les anthères sont soudées. Les fleurs périphériques sont des fleurs femelles et possèdent une ligule jaune orange, de grande taille, tridentée.

Après l'Immortelle des dunes illustrant les Asteraceae à fleurs tubulées, la Chicorée sauvage décrite parmi les Asteraceae à fleurs ligulées, l'Arnica est un bel exemple de capitule mixte portant des fleurs tubulées au centre et ligulées en périphérie pouvant tromper le néophyte qui ne croit voir qu'une seule fleur.

 

 

L'importance d’Arnica montana dans les Ballons des Vosges est unique en France. Néanmoins, son territoire, partagé par les agriculteurs laitiers, les entreprises de loisirs et les cueilleurs pour le compte de laboratoires se réduit considérablement. Afin de concilier les enjeux économiques et écologiques, a été signée en juin 2007 et renouvelée en mai 2016 la convention "Arnica Hautes Vosges" donnant des consignes précises pour les modalités d’exploitation, d’amendement, de traitement phytosanitaire des prairies par les agriculteurs et pour les modalités et autorisations de cueillette pour le compte des laboratoires homéopathiques.

Les fleurs sont récoltées en début de saison florale : soit le capitule entier, soit les fleurs ligulées et tubulées débarrassées du réceptacle et de l’involucre de bractées. La coloration des fleurs est due à la présence de pigments caroténoïdes. Leur activité pharmacologique est attribuée à la présence d’hélénaline et de dihydrohélénaline. Elles sont réputées avoir des vertus vulnéraires, antiphlogistiques, antirhumatismales, antinévralgiques, antiecchymotiques et antimicrobiennes. Différentes préparations, diluées pour éviter les dermatites d’origine allergique, sont utilisées en usage externe pour les traitements des ecchymoses et accélérer la résorption des bosses.

En dehors des spécialités homéopathiques, l’usage interne est actuellement fortement déconseillé. La plante présente de fait une toxicité certaine, à l’origine de troubles gastriques, dyspnées, voire arrêt cardiaque.

A noter qu’une thèse d’exercice de doctorat en médecine (lien) propose une description précise de méta-analyses et d’études afin d’évaluer le niveau de preuve de l’efficacité de l’Arnica montana en homéopathie. Cette analyse de la littérature conclut que l’Arnica montana, en traitement homéopathique par voie orale, pour les traumatismes et notamment post-chirurgicaux, n’est pas supérieur au placebo en terme d’efficacité.

 

- Dupont F, Guignard JL, Botanique. Les familles de plantes. 16ème édition. Editions Elsevier Masson.

- World Health Organization, Flos Arnicae, WHO monographs on selected medicinal plants. Vol. 3 : 77-87. http://apps.who.int/medicinedocs/documents/s14213e/s14213e.pdf#page=85

- Tchakmichian M, Etude de  quinze plantes à renommée vulnéraire.Thèse pour le diplôme d'état de docteur en pharmacie. Université de Nantes, Juin 2003.

- Botineau M. Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs. Editions Tech et Doc Lavoisier.

- Convention Arnica Hautes Vosges. http://www.vosges.fr/Portals/0/Deliberations/30571.2.0.pdf

- Couatarmanach B, Efficacité de l’Arnica montana : une revue de la littérature. Thèse pour le diplôme d'état de docteur en médecine. Université de Limoges, avril 2011.

 

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25/09/2016
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La Chicorée sauvage.

Cichorium intybus (Asteraceae)

 

La Chicorée sauvage est une plante vivace de 0,5 à 1 mètre, fréquente sur les terrains incultes.

La tige est fortement ramifiée. Les feuilles à la base sont découpées, sur la tige les feuilles sont petites, entières, lancéolées, embrassantes.

Les inflorescences sont des capitules bleus, à fleurs ligulées, qui s'épanouissent de juillet à septembre. Elles sont ouvertes de l'aube jusqu'en milieu de journée, aux heures où les pollinisateurs s'activent le plus.

La Chicorée sauvage offre une bonne illustration de plante de la famille des Asteraceae dont les capitules sont constitués exclusivement de fleurs ligulées (voir dernière photo, hors diaporama).

 

Le genre Cichorium comprend une dizaine d'espèces dont deux principales pour l'usage humain, Cichorium endivia et Cichorium intybus.

 

Cichorium endivia est cultivée depuis l’époque gréco-romaine ; espèce à partir de laquelle ont été sélectionnées les variétés de salades actuellement consommées : la chicorée frisée et la chicorée scarole.

 

La Chicorée sauvage, Cichorium intybus, est connue en Europe, en Asie et en Afrique du nord.

 

Depuis l’Egypte pharaonique, la Chicorée sauvage est une plante médicinale très employée en infusions de feuilles et de racines. Jusqu’au 18eme siècle « on fait plus fréquemment usage de la chicorée sauvage chez les apothicaires que dans les cuisines ». Elle possèderait des vertus apéritives, digestives, régulatrices de l’appareil gastro-intestinal et serait considérée comme stimulatrice efficace des fonctions hépatiques et biliaires.

 

Sa grande variabilité à l’état sauvage pourrait expliquer l’obtention de différentes variétés à usage alimentaire.

Sélection, amélioration, voire forçage (endives), portant sur les feuilles : la barbe de capucin, les chicorées pain de sucre, les chicorées rouges italiennes, la chicorée witloof (endive ou chicon).

Sélection et amélioration de variétés dont le volume de la racine est considérablement augmenté pour une transformation en « chicorée à café ». L'utilisation de la chicorée comme substitut du café apparait d'abord en Hollande vers la fin du XVIIe siècle, puis gagne le nord de l’Europe. Son véritable essor est consécutif au blocus continental décrété par Napoléon en 1806 qui provoque une pénurie de café.

Le procédé enchaine la fragmentation et déshydratation des racines déshydratées en cossettes puis la torréfaction et le concassage. La torréfaction aboutit à la dégradation de l'inuline contenue dans les racines en fructose puis la caramélisation du fructose. L'intybine, principe amer, combinée avec le fructose caramélisé donne sa saveur spécifique de la chicorée.

 

Milieu des années 80, la chicorée a été choisie pour la production industrielle d’inuline du fait de la teneur importante en inuline de sa racine mais aussi du fait des connaissances déjà acquises pour sa culture comme substitut du café.

L'inuline est la forme de stockage des sucres des Asteraceae dont la chicorée, comme l’amidon l'est pour d’autres familles et espèces.

L’inuline est constituée d’une seule molécule de glucose à laquelle est accrochée une chaîne, de longueur très variable, ramifiée ou non, de molécules de fructose. L’inuline est un polysaccharide inodore et insipide, soluble dans l'eau.

 

Par sa structure, l’inuline se comporte comme une fibre alimentaire qui n'apporte pas de calories et possède des propriétés prébiotiques et bifidogènes. Non digérée dans l'estomac et l'intestin grêle, elle passe dans le côlon où elle est assimilée par la microflore présente. Elle stimule ainsi la croissance et l'activité de la microflore intestinale saine, tels que les Bifidobactéries et Lactobacilles.

Elle est par conséquent présente dans un grand nombre de produits alimentaires, produits de régime ou non. Soluble dans l’eau elle permet l’adjonction de « fibres invisibles supplémentaires ». En se liant à l’eau elle peut former une structure analogue à un gel et être utilisée comme émulsifiant et/ou comme substitut de matières grasses

 

Enfin en néphrologie et exploration fonctionnelle rénale, l'inuline est employée pour apprécier la fonction rénale. Sous perfusion continue, l’inuline est filtrée par le glomérule, non réabsorbée au niveau tubulaire, permettant la détermination précise du débit de filtration glomérulaire. La détermination de la filtration glomérulaire par mesure de la clairance de l’inuline est la technique de référence mais elle n’est pas réalisée facilement (longue et coûteuse).

 

 

- Leroux Alain. A travers la longue histoire médicale de la chicorée. Revue d'histoire de la pharmacie 1972. La chicorée dans l'histoire de la médecine et dans la céramique pharmaceutique. Supp. n°215 : p 3-12. (lien internet)

- Chevalier A. Laitues, Chicorées et Pissenlits, l'origine des formes cultivées. Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, n°266-268, Octobre-novembre-décembre 1943. pp. 273-281. (lien internet)

- Manderyck B. De la racine de chicorée à l’inuline et l’oligofructose : Dans quel but ? (lien internet)

 

 

 

 

Famille des Asteraceae, capitule à fleurs ligulées : Chicorée sauvage. Colmar 25 sept 2015.

Flèche verte : couple (ligule + extrémité des app. reproducteurs) matérialisant une fleur. Il y a autant de ligule à cinq dents que d'app. reproducteur.

Flèche noire : manchon formé par la soudure des anthères (app. mâle) contenant le pollen.

Flèche rouge ; stigmates, extrémité de l'app. reproducteur femelle dépassant du manchon.

 

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02/08/2016
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La piloselle

Pilosella officinarum (Asteraceae)

 

Elles est également appelée Eperviere piloselle, d'où l'autre dénomination latine : Hieracium pilosella.

Piloselle fait référence aux poils qui recouvrent la plante.

 

Il s'agit d'une plante de 10 à 15 cm, les feuilles sont disposées en rosettes à la base de la plante, hérissées de poils, le dessous est grisâtre. Elle émet des stolons rampant, comportant de petites feuilles, qui s'enracineront pour donner une nouvelle rosette.

Les fleurs apparaissent de mai à septembre, elles sont toutes ligulées (ligule à cinq dents) de couleur jaune, condensées sur un capitule unique entouré à sa base d'un involucre de bractées et au sommet d'un pédoncule velu.

 

Cette petite plante banale, "mauvaise herbe " qui s'invite et envahit littéralement les parties sèches et pauvres de nos pelouses est intéressante à divers titres pour les curieux.

 

Elle est connue de longue date pour ses vertus diurétique puissante et cholérétique.

 

Plus original, elle synthétise des dérivés polyphénoliques (acide caféique, acide chlorogénique) et une molécule de la famille des coumarines, l'ombélliférone qui présente notamment des propriétés antibactériennes, antifongiques et ... herbicides.

Antibactérienne, l'ombelliferone est capable d'inhiber in vitro le développement des colonies du germe responsable de la brucellose ("fièvre de Malte").

Les racines superficielles de la Piloselle sécrètent entre autre cette ombelliferone qui inhibe la germination et la croissance des éventuelles plantes voisines. Il s'agit là d'une action herbicide, une toxicité à distance, appelée télétoxie.

La limitation biochimique des espèces voisines et l'émission de nombreux stolons lui permettent de coloniser le terrain de proche en proche et d'aboutir à une couverture intégrale du sol ... au dépend de la pelouse !

 

Voulant photographier en fin d'après midi, la fleur de piloselle épargnée par la tondeuse, le capitule était refermé sur lui même ! Le lendemain en milieu de matinée la fleur était de nouveau déployée !?

La nyctinastie ( Nuctos, "la nuit" et nastos, "le mouvement" ) définit les mouvements des pièces florales consécutives aux variations de la luminosité, le plus souvent selon un rythme quotidien. Ces mouvements qui ne disparaissent pas tout de suite lorsque la plante est maintenue quelques temps à l'obscurité, suggèrent l'existence d'une "horloge interne". Des pigments (phytochromes) présents dans les feuilles permettent d'évaluer plus spécifiquement l'intensité de la lumière rouge et de synchroniser cette horloge biologique avec les variations d'intensité lumineuse du nycthémère. Sous l'impulsion d'un signal (onde de dépolarisation) commandé par l'intensité de lumière rouge, c'est une variation du volume, entrée et sortie  d'eau, des cellules situées à proximité de la base des pétales qui explique les mouvements de ces pièces florales. Les cellules gonflent par entrée d'eau, appuient sur la base interne des pétales qui se redressent ; la fleur se ferme. Les cellules dégonflent, les pétales "tombent" ; la fleur s'ouvre.

Au 18eme siècle, à partir des travaux de son fils, le naturaliste suédois Carl von Linné, imagine dans son ouvrage Philosophia botanica une horloge florale basée sur la nyctinastie. Beaucoup de ces fleurs nous sont connues, mais avions nous porté attention à leurs mouvements et horaires réguliers d'ouverture et de fermeture ? Ainsi, le mouron rouge, l’œillet d'inde, le souci, le pissenlit, l'ornithogale (surnommée la dame de onze heure), le liseron, et ... la piloselle font partie de cette horloge florale. La piloselle s'ouvrirait vers 8 heures et se fermerait vers 15 heures ...

 

Lenne C. Dans la peau d'une plante. Éditions Belin.

Botineau M. Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs. Editions Tech et Doc Lavoisier. 

Jean Claude Ameisen, Sur les épaules de Darwin. Je t'offrirai des spectacles admirables. Co-édition : Actes Sud, Babel et France Inter, Les liens qui libèrent.

 

 

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11/07/2016
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Tussilage : "Le fils avant le père".

Tussilago farfara (Asteraceae)

 

Le 13.03.2016 à proximité du Schauenberg.

La fleur de tussilage apparait avant les feuilles, d’où l'expression "le fils avant le père".

Plante de milieux humides.

A l'origine de sa dénomination : tussis agere, chasser la toux

 

 

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06/05/2016
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