Ataraxie

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Alain


Les branches sèches

Comme une suite au « Trait d’union » d’un précédent article de ce blog, voici un « propos » sur l’amitié. 

Du soleil emmagasiné par le végétal comme le bonheur endormi au fond de l’humain.

 

Extrait de : Alain. Propos sur le bonheur : LXXVII Amitié. Collection Folio/Essais. Editions Gallimard 1928.

 

"Il y a de merveilleuses joies dans l’amitié. On le comprend sans peine si l’on remarque que la joie est contagieuse. Il suffit que ma présence procure à mon ami un peu de vraie joie pour que le spectacle de cette joie me fasse éprouver à mon tour une joie ; ainsi la joie que chacun donne lui est rendue ; en même temps des trésors de joie sont mis en liberté, et tous deux se disent : j’avais en moi du bonheur dont je ne faisais rien.

[…]

Il faut dire aussi que l’homme content, s’il est seul, oublie bientôt qu’il est content ; toute sa joie est bientôt endormie ; il en arrive à une espèce de de stupidité et presque d’insensibilité. Le sentiment intérieur a besoin de mouvements extérieurs.

[…]

Voici un paquet de branches sèches. Elles sont inertes en apparence comme la terre ; si vous les laissez là, elle deviendront terre. Pourtant elles enferment une ardeur cachée qu’elles ont prise au soleil. Approchez d’elles la plus petite flamme et bientôt vous aurez un brasier crépitant.

[…]

C’est ainsi qu’il faut une espèce de mise entrain pour éveiller la joie.

[…]

Ne laisse pas pourrir ton bois dans ta cave."

 


30/10/2019
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