Fabaceae
Le mélilot ou "lotus à miel" : poison, parfum ... médicament.
Melilotus alba, Melilotus officinalis (Fabaceae)
Mélilot blanc et Mélilot officinal
Le nom de mélilot vient du grec, meli le miel et lotos le lotus, "lotus à miel" indiquant clairement ses propriétés mellifères (voir images).
Ce sont des plantes bisannuelles, de 30 à 120 cm de haut, avec de nombreuses petites fleurs blanches ( Melilotus alba ) ou jaunes ( Melilotus officinalis ) typiques des Fabaceae et disposées en grappes grêles et allongées. Elles fleurissent de juin à octobre. Les feuilles sont constituées de trois folioles avec de petites dents. On les trouve actuellement dans les friches et sur le bord des routes.
Dans les années 20, au Canada et aux États Unis, des fermiers en difficulté financière ont recours à du fourrage "bon marché". Ce fourrage contient du mélilot dont les semences ont été importées d'Europe à la fin du 19ème siècle pour sa facilité de culture. Les éleveurs font alors face à une nouvelle pathologie du bétail se manifestant par des hémorragies internes. Un vétérinaire fait le lien avec l'ingestion de mélilot ; du mélilot mal séché et fermenté du fait du climat humide. La molécule responsable des hémorragies dans ce mélilot fermenté est isolée à la fin des années 30 : le dicoumarol.
Le dicoumarol, après des essais animaux et humains, est alors utilisé dans le traitement de l'infarctus du myocarde. Plus tard, la warfarine, un dérivé proche, sera synthétisé et utilisé d'abord comme raticide anticoagulant puis en thérapeutique. A partir des années 50, la warfarine et d'autre molécules proches, dérivées de synthèse de la coumarine, seront indiquées pour la prévention des maladies thrombo-emboliques et prescrites dans le monde à des centaines de milliers de patients.
La coumarine est une molécule émettant une odeur agréable de foin fraichement coupé. Actuellement, la coumarine de synthèse est couramment utilisée en parfumerie. "Cumaru", dans une langue amazonienne, désigne l'arbre de Tonka dont les fèves contiennent 1 à 3% de coumarine. La coumarine est présente en quantité plus faible dans le mélilot.
Dans les plantes, elle est stockée sous la forme de glucoside de l'acide coumarinique qui sera secondairement transformé par cyclisation en coumarine sous l'action d'enzymes ou du soleil. Il est facile de faire l'expérience de froisser entre les doigts un peu de mélilot, progressivement en quelques minutes, le parfum aromatique de la coumarine apparait sur les doigts et s’avère persistant.
Lors de la fermentation d'un fourrage mal séché contenant du mélilot, des champignons des genres Aspergillus ou Penicillium métabolisent la coumarine en 4 hydroxy-coumarine puis forment un pont entre deux molécules de 4 hydroxy-coumarine pour conduire au dicoumarol, "mycotoxine" anticoagulante.
Le dicoumarol, la warfarine et les autres molécules synthétiques dérivées sont des anticoagulants de la familles des anti-vitamines K. La vitamine K est indispensable pour terminer (carboxylation) la formation de certains facteurs de la coagulation. Les molécules anti-vitamines K empêchent la régénération de la vitamine K qui a permis la carboxylation de ces facteurs de coagulation. D'où avec le temps, la diminution progressive de facteurs de coagulation "complets" et efficaces et la diminution des capacités de coagulation en cas de saignement.
Monsuez JJ. Les anti-vitamines K : une histoire rurale. Arch Mal Coeur Vaiss Prat 2016 ; 2016 : 33-35
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doschim/decouv/parfums/loupe_coumarine.htm
Berny P et Al. Revue Méd Vét 2005 ;156, 8-9 : 449-454
Colmar, RN83, 22.06.2016.
Le sainfoin un "nutricament"
Onobrychis viciifolia (Fabaceae)
Onobrychis est issu du grec onos, l'âne et brýko, signifie manger avec avidité, faisant allusion à l’appétit des ânes pour cette plante. Viciifolia précise la ressemblance des feuilles avec celle de la Vesce, une plante de la même famille.
On retrouve actuellement le Sainfoin sur les friches, les terrains vagues, les bords de route.
Au sein de la famille des Fabaceae, le sainfoin appartient à la sous famille des Faboïdae autrefois appelée "Papilionaceae" du fait d'une corolle zygomorphe en papillon. Cette corolle est constituée d'un "étendard" très grand recouvrant les deux pétales latéraux ou "ailes" recouvrant à leur tour deux pétales soudés à leur extrémité pour former la "carène".
Les racines présentent des nodosités (renflements) contenant des bactéries du genre Rhizobium, à l'origine d'une symbiose : la bactérie utilise les sucres formés par la plante ; mais cette bactérie est capable de fixer l'azote atmosphérique qui pourra être utilisé par la plante sous la forme assimilable d'ammonium. D’où l’intérêt de cette plante dans la rotation des cultures comme "engrais vert".
Le Sainfoin peut être cultivé pour le fourrage animal, un fourrage de qualité, appétant et digestible, non météorisant, équilibré en énergie et en protéines.
Les "tanins condensés" naturels contenus dans le sainfoin aident à la digestion des protéines végétales, prévenant le météorisme, et limitent l'infestation des animaux par les parasites nématodes gastro-intestinaux. Le sainfoin apparait donc pour les éleveurs comme un "nutricament".
C'est également une très bonne plante mellifère.
Dupont F, Guignard JL. Botanique. Les familles de plantes. 16eme edition. Elsevier Masson
http://www.sa.inra.fr/Toutes-les-actualites/Le-sainfoin
http://www.agr.gc.ca/fra/nouvelles/science-de-l-innovation-agricole/le-sainfoin-une-vieille-plante-fourragere-vue-sous-un-nouveau-jour/?id=1416326892525
Colmar, RN83, sept 2015 et juin 2016.