Il serait hypocrite de refuser le progrès technique.
Mais il parait vital de revendiquer l'imperfection, de refuser d'effacer, par la "normalisation", la valeur de l'acte et du jugement du professionnel.
Dès lors, la qualité du travail, logiquement attendue par "le client", ne sera pas une notion contraire à l'épanouissement au travail.
La lecture du livre de Pascal Chabot m'a offert un échos à ces idées aujourd'hui peut être anachroniques !
Extraits de Pascal Chabot, Global burn-out, éditeur : Presses Universitaires de France.
La multiplication des technologies, qui individuellement sont des œuvres culturelles épatantes, conduit à la création d’un milieu technique complexe auquel chacun doit s’adapter … Il suffit de s’adapter, de se tenir à la page, d’évoluer avec son temps. A quelle fin, demandera-t’on ? Mais afin de d’être adapté … la tyrannie de l’adaptation …
L’emprise de la civilisation technicienne et de ses normes est forte … Quand on exige d’une personne qu’elle opère avec perfectionnisme mais sans question, on est souvent inconsciemment guidé par le désir de la faire ressembler à une machine, fiable, polyvalente et sans état d’âme …
Mais ce désir de ressemblance ampute l’individu de ses aspirations supérieures en le cantonnant dans le fonctionnement … L’humain a créé des machines excellentes. Il l’a fait pour en profiter, et non pour leur ressembler … L’humain être de désir est aussi l’être imparfait par excellence, celui qui n’est pas spécialisé … Tout désir de ressembler à une machine, ou d’y contraindre des travailleurs, est donc éminemment régressif.
Est il encore possible d'ouvrir les yeux ?
Une activité "mécanique", normée, sans valeur individuelle ajoutée, s'avèrera "vide de sens". Par le déficit d'intérêt et de plaisir qu'elle engendre, cette activité nécessitera, pour être menée à bien, toujours plus d'encadrement normatif. Processus vicieux et sans fin de la déshumanisation du travail.
Ouvrir les yeux sur les textes des Anciens. Décidément anachronique pour "l'homme hypermoderme".
Le plaisir qui lui est intimement lié permet d'accroitre l'activité. En effet, l'on juge mieux de chaque sorte de choses et avec plus de rigueur lorsqu'on se livre à cette activité avec plaisir. Ainsi deviennent géomètres ceux qui ont de la joie à pratiquer la géométrie, et leur intelligence saisit avec plus de profondeur chaque sorte de problème. Mais c'est pareil pour les amateurs de musique ou d'architecture et pour les autres passionnés dans leur disciplines respectives : ils font des progrès dans l'accomplissement de leur propre travail, s'ils y trouvent de la joie, et ce qui contribue à accroitre leurs progrès ce sont les plaisirs qu'ils prennent.
Aristote.
Extrait de Aristote. L'éthique à Nicomaque. Partie X. Traduction de R Bodeus. Éditions GF Flammarion.
