Ataraxie

Nous devons en cela nous considérer d’abord nous-mêmes, puis les affaires que nous entreprenons, enfin pour qui et avec qui il nous faut agir. Avant tout, il est nécessaire de s’évaluer soi-même parce que nous croyons presque toujours pouvoir plus que nous ne pouvons …

C’est qu’en forçant un talent, on n’en obtient rien de bon ; et quand la nature se rebiffe, c’est en vain qu’on se donne du mal. Il faut ensuite mesurer nos entreprises elles-mêmes et comparer nos forces avec ce que nous sommes sur le point de tenter. Il doit toujours y avoir plus de force dans le porteur que dans les fardeaux ; les fardeaux qui sont trop lourds pour lui doivent nécessairement l’écraser. Certaines affaires, sans être en elles-mêmes importantes, produisent et engendrent des complications ; il faut éviter ces sources d’embarras toujours nouveaux et renaissants ; il faut s’engager dans aucune affaire, si elle ne vous laisse pas libre de revenir sur vos pas ; on ne doit donner la main qu’à un travail que l’on peut finir, ou du moins espérer finir. Il faut abandonner tout ce qui prend de l’extension au fur et à mesure qu’on y travaille, tout ce qui ne cesse pas au moment où on l’a décidé. Il faut surtout bien choisir les hommes : méritent-ils que nous dépensions  pour eux une part de notre vie ?