Apiaceae
La Criste marine
La famille des Apiaceae, anciennement dénommée famille des Ombellifères se remarque par ses inflorescences typiques, en ombelles.
C’est la famille de la carotte, du persil, du cerfeuil, de l’aneth, et … de la ciguë, des plantes souvent riches en essences ou résines.
L’ombelle est une formation constituée de rayons, issus d’un même point, portant chacun une fleur, les fleurs s’épanouissant sensiblement au même niveau.
L’ombelle est rarement unique. Elle prend la dénomination d’ombellule et se retrouve à son tour au bout d’un rayon, regroupée à même hauteur avec d’autres, pour former une ombelle composée (voir photo en fin d'article, cliquer en plein écran pour mieux voir les légendes).
Les fleurs, constitutives de cette composition, sont généralement peu colorées, de dimension réduite, les sépales peu ou non visibles, les 5 pétales sont recourbés vers l’avant alternant avec les 5 étamines. Deux disques nectarifères à la base des styles ont une situation très superficielle facilitant la pollinisation par des insectes à l’appareil buccal très court.
Les feuilles alternes sont souvent très découpées.
Crithmum maritimum (Apiaceae)
La Criste marine est encore appelée « Perce pierre », « Casse pierre » ou encore « Fenouil marin ». C’est une plante maritime de la façade atlantique européenne, le bassin méditerranéen et la Mer Noire.
Du point de vue étymologique, le latin Crithmum dériverait du grec « krêthmon ». Deux significations sont avancées. La ressemblance de ses fruits avec les grains d’orge (Krêthê) la désignerait comme « l’orge de mer ». Autre thèse, le grec "krêthmon" désigne un lieu escarpé, tel que les rochers du bord de mer sur lesquels la plante s’épanouit.
La Criste marine est une plante vivace gris vert à vert foncé, de quelques centimètres en situation très exposée aux embruns jusqu'à 50 cm.
Les feuilles sont persistantes, charnues, étroites se terminant par trois lobes pointus.
La racine principale est pivotante, épaisse, longue et profonde
La floraison se déroule tout l’été jusqu’au milieu de l’automne. Les fleurs blanc verdâtre sont groupées par 10 à 15 en ombellule. Les ombellules sont réunies pour former une ombelle de 3 à 6 cm de diamètre. Les bractées lancéolées sont disposées en involucre à la base de l’ombelle, et les bractéoles en involucelles à la base de l’ombellule (voir photo en fin d'article). Les fleurs très nectarifères attirent les insectes, y compris les diptères comme les mouches et de façon constante la Cistèle jaune (Cteniopus sulphureus) un petit coléoptère (voir le "portrait" de quelques visiteurs ci-dessous).
La Crise marine vit sur les rochers et les falaises en s’insérant dans les fissures. Elle apprécie une exposition ensoleillée, supporte les embruns voire une submersion passagère et dessine ainsi sur la côte la "zone des embruns".
Malgré un environnement minéral et à forte salinité, les fissures entre les rochers assurent un substrat riche en azote. Le vent, les embruns et les vagues, entraînent des dépôts réguliers de matières organiques et de sels minéraux qui restent piégés dans les fissures. La pluie entraine les dépôts de surface et concentre l’apport de nutriments dans les fissures des rochers.
Sa présence sur du sable suppose souvent la présence de roches ou de galets en dessous permettant l’insertion des racines profondes de la plante.
On la trouve également fréquemment entre les pierres des constructions dans les ports et sur les murs en bordure de mer.
Les fruits (akènes) de la Criste marine sont adaptés à une dispersion par le milieu marin (thalassochorie). Leur faible densité et la structure de leur enveloppe leur permet de flotter et d’être transportés par le vent, la pluie, ou un paquet mer. Ils seront arrêtés par une fissure pour germer lors d’un apport d’eau douce.
La plante est connue des médecins l’antiquité, citée par Hippocrate, Dioscoride et Galien. Sa monographie figure à la Pharmacopée française jusqu'à l'édition de 1837. Par la suite son usage reste uniquement alimentaire. Les feuilles fraîches, comestibles, peuvent être préparées en légumes comme des haricots verts ou en condiment avec du vinaigre, les fruits employés comme une épice. Les feuilles crues, à la saveur salée et parfois piquante, peuvent également relever une salade.
La plante riche en huiles essentielles trouve également un usage en cosmétique.
Dupont F, Guignard JL. Botanique. Les familles de plantes. 16eme ed. Editeur Elsevier Masson.
Pavon D, Le Bris S. DORIS, 05/06/2016 : Crithmum maritimum, http://doris.ffessm.fr/ref/specie/2928
Coiffard L. Revue d'histoire de la pharmacie 1991 ; 290 : 313-317. Aperçu historique sur l'utilisation médicinale et alimentaire du crithme maritime.
http://www.persee.fr/doc/pharm_0035-2349_1991_num_79_290_3192
Dumont G, Mazzacurati A. Acta Succulenta 2013 ; 1 (1) : 23-51. Crithmum maritimum la succulente des tempêtes.
Le Panicaut maritime.
Eryngium maritimum (Apiaceae).
Le chardon bleu des sables, le Chardon des dunes, le Panicaut maritime, le Panicaut des dunes ...
"Paroles sur la dune" a été écrit le 5 aout 1854, jour anniversaire de l'arrivée de Victor Hugo en exil sur l’ile de Jersey. La fleur bleue du Chardon des sables, illustre le renouvellement indifférent et immuable de la nature contrastant avec la fragilité et l’impermanence de l’homme. Un siècle et demi plus tard, c’est le Chardon bleu des sables qui est menacé par la fragilisation de son milieu, le piétinement des dunes, la montée du niveau de la mer, la cueillette excessive. Il fait aujourd’hui l’objet d’une protection et règlementation régionale et, à ce titre, est devenu l’emblème du Conservatoire du littoral.
Le Chardon bleu des sables ou Panicaut maritime est une plante des régions aux hivers doux, sur le littoral de la Méditerranée, l’Atlantique, la Manche et la mer du Nord. Plante « psammophile », le sable et son environnement lui fournissent le peu de matières organiques et minérales dont elle a besoin. Nécessitant un bon éclairage, elle pousse sur les hauts de plage, colonise les dunes mobiles et jeunes sur lesquelles elle permet la stabilisation des sols.
La racine longue de plus d’un mètre, épaisse, pénètre très profondément le sol et émet des rhizomes latéraux expliquant son rôle dans la tenue des dunes.
Déjà connu au Moyen âge, la racine du Panicaut a été surtout source de nourriture dans les périodes de disette des 17eme et 18eme siècles. Ainsi, Panicaut vient du latin Panis (le pain), la racine se consommant grillée.
Le Panicaut maritime est une plante vivace, épineuse, fortement ramifiée, haute de 30 à 60 cm. Les feuilles sont coriaces et terminées par de fortes épines. La floraison va de juin à septembre. Les inflorescences sont hémisphériques à ovales, précédées d’un involucre de 4 à 6 bractées étalées et à lobes épineux, et constituées de nombreuses petites fleurs pédicellées. Chaque petite fleur est accompagnée d’une bractée à trois épines, le calice comporte cinq sépales bleuâtres terminés par une fine épine, les cinq pétales sont de couleur bleu pâle à bleu améthyste à la pointe recourbée en dedans. Fleurs protandres, les étamines se déploient et sont mures avant l’apparition et l’écartement des styles des organes femelles.
La pollinisation est assurée par des abeilles, guêpes, mais aussi des fourmis, des papillons et des coléoptères.
La reproduction végétative est importante, des rejets se développent sur les rhizomes et des fragments de racine et peuvent apparaitre jusqu’à trois mètres de la plante mère.
Appartenant à la famille des Apiaceae, il convient de faire référence à l’ombelle, l'inflorescence typique des Apiaceae décrite précédemment pour la Criste marine. Ici pour le Panicaut, l'évolution a conduit à un involucre de bractées largement développé et des rayons de l’ombelle fortement à complètement réduits.
Lamare V, Pean M, Pavon D. DORIS, 29/07/2016 : Eryngium maritimum L., http://doris.ffessm.fr/ref/specie/3998