Printemps stoïque.
Quand un homme possède une supériorité sur les autres, ou du moins croit en avoir même si ce n'est pas le cas, il est inévitable, s'il manque d'éducation, qu'il en soit tout enflé d'orgueil.
Le tyran, par exemple, déclare : "Je suis le plus puissant des hommmes."
Et que peux tu faire pour moi ? Peux tu faire que mon désir ne rencontre pas d'obstacle ? D'où tiens tu ce pouvoir ? L'as tu pour toi même ? Que je ne tombe pas sur ce que je veux éviter ? L'as tu pour toi même ? Que ma propension ne connaisse pas d'échec ? Dans quel domaine le peux tu toi même ?
Voyons, sur un bateau, as tu confiance en toi ou en celui qu connait la navigation ? Sur un char, à qui te fies tu si ce n'est à celui qui connaît le métier ? Et dans les autres arts ? Même chose. Quel est ton pouvoir ?
"Tout le monde prend soin de moi."
Moi aussi je prends soin de mon assiette, je la lave, je l'essuie, et pour accrocher ma burette à huile je plante un clou. Et alors ? Ces objets me sont ils supérieurs ? Non, mais ils me rendent service, c'est pourquoi j'en prends soin. Et mon âne, est ce que je ne le soigne pas ? Est ce que je ne le frotte pas avec l'étrille ? Ignores tu que tout homme prend soin de lui même, et qu'il prend soin de toi comme de son âne ? Qui donc prend soin de toi comme d'un homme ? Montre le moi. Qui veut te ressembler ? Qui s'attache à toi comme on s'attachait à Socrate ?
"Mais je peux te faire couper le cou."
Bien parlé. J'avais oublié qu'il faut prendre soin de toi comme on soigne la fièvre et le choléra, qu'il faut t'élever un autel comme on fait à Rome en l'honneur de la fièvre.
Extrait de : Epictète. "Entretiens. Fragments et sentences" (Traduction R. Muller). Editeur : Librairie philosophique J Vrin. Paris 2015.
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