Le colonel Aureliano Buendia
Cent ans de solitude.
Gabriel García Márquez
Extrait de : Cent ans de solitude, G. Garcia Marquez. Editeur : Points, éditions du Seuil.
Le colonel Aureliano Buendia fut à l'origine de trente-deux soulèvements armés et autant de fois vaincu. De dix-sept femmes différentes, il eut dix-sept enfants mâles qui furent exterminés l'un après l'autre dans la même nuit, alors que l'aîné n'avait pas trente-cinq ans. Il échappa à quatorze attentats, à soixante-trois embuscades et à un peloton d'exécution. Il survécut à une dose massive de strychnine versée dans son café et qui eut suffi à tuer un cheval. Il refusa l'ordre du mérite que lui décernait le président de la république. Il fut promu au commandement des forces révolutionnaires, son autorité s'étendant sur tout le pays, d'une frontière à l'autre, et devint l'homme le plus craint des gens au pouvoir, mais jamais il ne permit qu'on le prît en photographie. Il déclina l'offre de pension à vie qu'on lui fit après la guerre et vécut jusqu'à ses vieux jours des petits poissons en or qu'il fabriquait dans son atelier de Macondo. Bien qu'il se battît toujours à la tête de ses troupes, la seule blessure qu'il reçu, ce fut lui qui se la fit après la capitulation de Neerlandia, qui mit fin à bientôt vingt années de guerre civile. Il se lâcha un coup de pistolet en pleine poitrine et le projectile lui ressortit par l'épaule sans avoir atteint aucun centre vital. Tout ce qui demeura de cette succession d'événements fut une rue à son nom à Macondo. Et pourtant, d'après ce qu'il déclara quelques années avant de mourir de vieillesse, il n'en espérait pas tant ...
...
C'est vers cette époque qu'on l'entendit prononcer ces mots : "Actuellement, la seule différence entre libéraux et conservateurs, c’est que les libéraux vont à la messe de cinq heures et les conservateurs à celle de huit heures".
Un roman "à libération prolongé". Récit désordonné à la limite de l'absurde à la première lecture, les questions viennent plus tard ; étrangement.
Elles font surface peu à peu ...
A l'image de l'extrait ci-dessus, les personnages et tout ce qui les entoure sont entrainés dans le tourbillon de la démesure pour immanquablement s’effilocher et peu à peu disparaitre.
La réalité n'est peut être pas si éloignée. Plus qu'un récit, une fable donc. Avec quelques verbes qu'Audiard n'aurait pas reniés.
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