Ataraxie

Ataraxie

Alsace et massif des Vosges


Orchis singe

Orchis simia.

 

Simia vient de simius, le singe en latin.

Plante de 20 à 45 cm qui apprécie les situations de pleine lumière.

Les feuilles sont vertes. Elle fleurit en mai. Originalité de cette espèce d'orchidée, la floraison commence par le haut de l'inflorescence et progresse vers le bas.

Sépales et pétales prennent ensemble la forme d'un casque, blanc rosé, veiné de violet à l'intérieur, l'éperon est descendant.

Le labelle est trilobé, sa forme est l'origine du nom de la plante. Les lobes extérieurs sont fins évoquant les bras du petit singe. Le lobe central est plus long et lui même terminé par deux lobes fins et un appendice central figurant le corps, les pattes et une petite queue du petit singe.

L'Orchis singe est relativement rare et menacée en Alsace.

 

Dirwimmer C, Martinak D, Parmentelat H, Pierné A. A la découverte des orchidées d'Alsace et de Lorraine. Éditions Biotope.

 

 

Sigolsheim, le 17/05/2016.

 

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03/06/2016
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Drosera rotundifolia : la carnivore des Vosges.

Drosera rotundifolia (Droseraceae) est une petite plante présente dans les zones ± tempérées de l’hémisphère nord. Espèce carnivore parmi les plus répandues, elle est notamment présente dans les tourbières du massif vosgien.

Les feuilles, au bout d’un long pétiole aplati, sont le plus souvent proches du sol, plus rarement redressées. Disposées autour d’un axe central, elles forment une rosette de 2 à 5 cm de diamètre. La surface et la marge de chaque feuille sont couvertes de près de 200 poils glanduleux ou « tentacules », flexibles, rougeâtres, terminés par une gouttelette d’un mucus polysaccharidique translucide et collant, à l'origine d'un véritable "papier tue-mouche" végétal.

Les fleurs à cinq pétales blancs apparaissent en été au bout d’une tige située au centre de la rosette et haute de 5 à 20 cm. Cette hauteur limite au mieux le risque de capture des insectes pollinisateurs. Les fleurs ne s’ouvrent que deux à trois heures, en plein soleil, lors d’une seule journée.

La racine est constituée d’une racine principale et d’un fin chevelu. A côté de la reproduction sexuée par production de graines, la racine permet une propagation végétative en courant parallèlement au sol et en émettant des drageons. La racine n'est présente qu’une partie de l’année. Elle meurt en automne laissant la plante sous la forme d’un simple bourgeon hivernal ancré dans la tourbe grâce uniquement au reste de la racine morte.

 

Tourbière de Lispach (La Bresse, 88) le 31 mai 2018.

Tourbière de Lispach (La Bresse, 88) le 31 mai 2018.

Drosera rotundifolia est une plante des milieux acides, pauvres et humides mais fortement ensoleillés .

Elle affectionne les tourbières et les pelouses à sphaigne, milieux constamment humides mais non inondés. Son abondance est influencée par la composition de l’eau de la tourbière. Elle a une préférence pour les pH modérément acides et les milieux très pauvres en calcium et en magnésium (espèce calcifuge). L’humidité des marais et des tourbières crée un substrat hostile, peu aéré. La génération d’acides humiques par les sphaignes abaisse le pH. La matière organique y est incomplètement minéralisée et les nutriments par conséquent peu disponibles au niveau racinaire.

La capture de proies et leur assimilation par la plante, est logiquement décrite comme une adaptation visant à compenser son implantation dans ce milieu pauvre en éléments nutritifs. L’absorption des nutriments issus de la proie se fait au niveau des feuilles. La proie est capturée par les tentacules et leurs gouttelettes terminales collantes, les « parties molles » sont digérées et les nutriments assimilés par la feuille. Des éléments d’origine autre qu’animale tels que des grains de pollen présents dans l’air circulant sont également « attrapés », digérés et assimilés par la plante.

 

Cette fonctionnalité, atypique pour le règne végétal autotrophe grâce à la photosynthèse, a suscité de nombreuses interrogations quant à ses mécanismes physiologiques et à sa finalité. Des travaux scientifiques ont notamment tenté de préciser si la carnivorie, capture et assimilation de proies par les feuilles, était réellement dépendante de la présence ou non de ressources nutritives dans le sol. En « milieu naturel », la part de l’azote de Drosera rotundifolia provenant de proies a été déterminée par analyse isotopique (azote 15N) et se situerait autour de 50% . Par ailleurs, l’apport de nutriments (azote, phosphates et potassium) au substrat de culture diminuerait le diamètre des rosettes et l’adhésivité de la plante donc sa capacité à attraper une proie mais affecterait également la floraison et la biomasse de tous les organes. La transformation de feuilles assimilatrices en pièges carnivores efficaces représente pour la plante un coût énergétique et une certaine perte en capacité de photosynthèse. Aussi, la balance bénéfice/coût de la carnivorie, favorable en milieu pauvre, pourrait perdre son intérêt en sol riche en nutriments. Les organes dédiés à la capture de proies deviendraient ils donc moins utiles en substrat riche ou enrichi ? ou ces nutriments pourraient ils devenir toxiques pour des espèces vivant en milieu pauvre ?

Il est aujourd’hui admis que près de 80 % des plantes vasculaires développent au niveau des racines une relation symbiotique avec une ou plusieurs espèces fongiques présentes dans le sol, connue sous le nom de mycorhize. Des endophytes d’espèces variant selon la période de l’année et des mycorhizes ont été mis en évidence au niveau racinaire chez Drosera rotundifolia mettant fin à l’idée selon laquelle les espèces carnivores n’étaient pas mycorhizées. Devant cette observation surprenante, les auteurs se sont posés la question d’une symbiose « classique », facilitant une absorption racinaire en milieu pauvre voire toxique ? ou au contraire d’un parasitisme fongique ?

Si comme avancé, une plante carnivore obtient l’essentiel de ses nutriments par la digestion de proies au niveau des feuilles, quelle est l’utilité réelle ou résiduelle au niveau des racines d’un partenaire symbiotique fongique, endophytes ou mycorhizes ?

Pour certains auteurs, capture de proies et absorption racinaire ne serait pas forcement antinomiques. L’absorption de nutriments au niveau des pièges foliaires pourrait avoir un effet indirect stimulant et augmentant l’absorption de nutriments minéraux (N, P , K Mg) au niveau racinaire, à l’origine d’une croissance augmentée de la plante.

 

Au total, bien que souvent mis en avant, l’augmentation de la croissance de la plante et le bénéfice énergétique et/ou nutritionnel de la carnivorie, qu’ils soient directs par absorption foliaire ou indirects par stimulation de l'absorption racinaire, ne sont pas retrouvés dans tous les travaux. Il est à noter par ailleurs que la presque totalité des espèces carnivores est capable de survivre sans capture de proie avec pas ou peu de retentissement sur la croissance, la vigueur de la plante, et sa floraison !!! et que dans ces milieux pauvres humides et difficiles, d’autres espèces (Graminées, Ericaceae …) parviennent à se développer sans pièges carnivores … ???

 

 

Tourbière de Lispach (La Bresse, 88) le 28 juin 2018.

Tourbière de Lispach (La Bresse, 88) le 28 juin 2018.

Une plante comme tout vivant doit être apte à se défendre contre des agressions extérieures, insectes, bactéries, virus, champignons … L’acide jasmonique et ses dérivés, plus particulièrement son conjugué à l’isoleucine, sont les hormones clés du monde végétal régulant les mécanismes de défense.

Une blessure infligée à une plante, mécanique ou provoquée par un herbivore, induit un potentiel électrique à l’origine de la synthèse et de l’accumulation transitoire de jasmonates et d’acide abscissique, principaux signaux permettant d’activer la défense de la plante. Ainsi, chez Drosera capensis, cousine de Drosera rotundifolia, ces signaux sont propagés de façon systémique par le système circulatoire et induisent une réaction de toute la plante : mouvements convulsifs des tentacules de toutes les feuilles de la plante et libération d’enzymes.

C’est toujours chez Drosera capensis que viennent d’être tout récemment précisées les séquences physiologiques se succédant lors de la capture et de l’assimilation d’une proie.

Une proie qui se débat au contact des tentacules marginales de la feuilles déclenche un potentiel de surface dont la conséquence est une inclinaison rapide de ces tentacules en direction du centre de la feuille. A ce stade, un « signal chimique » par contact de la proie (chitine, ion NH4+) sur les petites tentacules du centre de la feuille induit un nouveau signal électrique oscillant de faible amplitude puis l’accumulation de jasmonates (jasmonate et jasmonate conjugué à l’isoleucine) qui seront à l’origine d’une inclinaison lente des tentacules latérales qui n’étaient pas en contact avec la proie voire même d’un replis partiel de la feuille. C’est dans cette partie de la feuille, véritable « outer stomach », qu’interviendra la production des enzymes digestives déclenchée par l’accumulation des jasmonates : protéases, chitinase, ribonucléase, phosphatase, galactosidase … L’ensemble de ce processus est ici restreint à la seule feuille qui a attrapé une proie et aucune réaction analogue n’est observée sur le reste de la plante.

 

Ainsi, malgré une certaine opposition entre un processus localisé de capture de proie et la réaction systémique après blessure de la plante, une différence de nature et de cinétique entre les signaux électriques émis, une production moindre de jasmonates et d’enzymes digestives en cas d’agression comparée à celle observée lors du contact de la feuille de Drosera capensis avec une proie … l’analogie est frappante entre ces mécanismes et apporte un éclairage nouveau sur la carnivorie végétale.

 

« The more we learn about carnivorous plants the more we realize that the background of carnivory is the plants’ability to defend against attackers, such as herbivorous insects. In a very simplified way we can state that carnivorous plants took over existing pathways and strategies, from electrical signals to hydrolytic, defense-related enzymes, and put them in a different context, namely carnivory. Why should plants develop new features if they can use existing ones ? » Axel Mithöfer extrait de New Phytologist 2017 ; 213 : 1564-66

 

 

à suivre …

 

 

Voir également sur ce blog : Charles Darwin et Drosera rotundifolia

 

Tourbière de Lispach (La Bresse, 88) le 28 juin 2018.

Tourbière de Lispach (La Bresse, 88) le 28 juin 2018.

 

Stewart CN and Nilsen ET. Drosera rotundifolia growth and nutrition in a natural population with special reference to the significance of insectivory. Can J Bot 1992 ; 70 : 1409-1416

 

Adamec L. Leaf absorption of mineral nutrients in carnivorous plants stimulates root nutrient uptake. New phytologist 2002 ; 155 : 89-100.

 

Thoren LM et coll. Resource availability affects investment in carnivory in Drosera rotundifolia. New Phytologist 2003 ; 159 : 507-511.

 

Millett J et coll. The contribution of insect prey to the total nitrogen content of sundews (Drosera spp.) determined in situ by stable isotope analysis. New phytologist 2003 ; 158 : 527-34.

 

Adlassnig W et coll. The roots of carnivorous plants. Plant and soil 2005 ; 274 : 127-140.

 

Quilliam RS and Jones DL. Fungal endophytes of the carnivorous plant Drosera rotundifolia. Mycorrhiza 2010;20 : 341-348.

 

Rice BA. What exactly is a carnivorous plant ? Carnivorous Plant Newsletter 2011 (march) ; 40 : 19-23.

 

Mithöfer A et coll. Wound and insect-induced jasmonate accumulation in carnivorous Drosera capensis : two sides of thesame coin. Plant biology 2013 ; 16 : 982-987.

 

Nakamura Y et coll. Jasmonate trigger prey-induced formation of « outer stomach » in carnivorous sundew plants. Proc R Soc B 2013 ; 280 : 20130228.

 

Pavlovic A and Saganova M. A novel insight into the cost-benefit model for the evolution of botanical carnivory. Annals of Botany 2015 ; 115 : 1075-92.

 

Baranyai B and Joosten H. Biology, ecology, use, conservation and cultivation of roound-leaved sundew (Drosera rotundifolia L.) : a review. Mires and Peat 2016 ; 18 : 1-28.

 

El-Sayed AM et coll. Pollinator-prey conflicts in carnivorous plants: When flower and trap properties mean life or death. Sci Rep. 2016 Feb 18;6:21065. doi: 10.1038/srep21065.

 

Jones J.M.C et coll. Calcium and pH co retrict abundance of Drosera rotundifolia (Droseraceae) in a Sphagnum bog in central British Columbia. Botany 2016 ; 94 : 1-8,

 

Krausko M et coll. The rôle of electrical and jasmonate signalling in the recognition of captured prey in the carnivorous sundew plant Drosera capensis. New Phytologist 2017 ; 213 : 1818-35.

 

Mithöfer A. What Darwin only divined : unraveling the hierarchy of signaling events upon prey catch in carnivorous sundew plants. New Phytologist 2017 ; 213 : 1564-66.

 

 


02/11/2018
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Eclipse de lune 2018, le retour de l'astre.

Eclipse de lune à Colmar (68), nuit du 27 au 28 juillet 2018


28/07/2018
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Charles Darwin et Drosera rotundifolia

Alors qu'il est pressé par son éditeur de fournir les corrections des épreuves de la troisième édition de son ouvrage principal  "L'origine des espèces", C Darwin écrit le 24 novembre 1860 au géologue Charles Lyell :

 

" ... for at this present moment I care more about Drosera than the origin of all the species in the world. But I will not publish on Drosera till next year, for I am frightened and astounded at my results.

 

Dans une lettre rédigée le 4 aout 1863, C Darwin répond au botaniste américain Asa Gray qui trouve le mécanisme de capture des proies de Drosera rotundifolia bien lent en comparaison de celui de la Dionée :

  

"...  Depend on it, you are unjust on the merits of my beloved Drosera: it is a wonderful plant, or rather a most sagacious animal. I will stick up for Drosera to the day of my death."

 

La correspondance de C Darwin est accessible sur le site :  Darwin correspondence project

 

 

Drosera rotundifolia.
Tourbière de Lispach (88) le 31 mai 2018

Drosera rotundifolia.
Tourbière de Lispach (88) le 31 mai 2018

Drosera rotundifolia.
Tourbière de Lispach (88) le 31 mai 2018

Drosera rotundifolia.
Tourbière de Lispach (88) le 31 mai 2018

Drosera rotundifolia pousse au ras du sol de nos tourbières vosgiennes, elle est observée ci dessus sur la tourbière de Lispach près de la Bresse (88).

Un siècle et demi après Darwin, tous ses mystères n'ont pas encore été éclaircis par les botanistes.

 

à suivre ....

 

 

Voir également sur ce blog  Drosera rotundifolia : la carnivore des Vosges.

 


19/07/2018
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Aconit : le capuchon de moine.

"Il est certain que de tous les poisons le plus prompt est l'aconit ... C'est ce poison qui, d'après la mythologie, naquit de l'écume de Cerbère tiré des enfers par Hercule, et qui, pour cette raison, abonde dans les environs d'Héraclée du Pont, où l'on montre le trou conduisant aux enfers."  

Pline l'ancien. Histoire naturelle. Tome second. Livre XXVII

 

L'Aconit napel (Aconitum napellus, Ranunculaceae)

est une vivace des lieux humides, ombragés et rocheux des régions montagneuses. Selon les régions,  elle est aussi appelée Casque de Jupiter, Tue Loup, Char de vénus ou encore Capuchon de moine.

Les feuilles, très découpées (segments lancéolés étroits), vert foncé, sont disposées de façon alternes et la tige robuste peut dépasser un mètre de hauteur. La racine tuberisée en forme de petit navet, d'où son nom de "napel", est généralement double. L'une qui flétrit pendant le developpement de la partie aérienne et la seconde en developpement qui portera la tige de l'année suivante.

La floraison se déroule de juin à septembre. L'inflorescence est constituée de grappes de fleurs bleues à violacées formées d'un calice de cinq sépales pétaloïdes dont le supérieur est en forme de casque, de nombreuses étamines disposées en spirale et de trois à cinq carpelles. Les fruits sont des follicules à graines noires.

 

L'Aconit tue-loup (Aconitum lycoctonum, Ranunculaceae)

plus rare, se développe souvent au côté de l'Aconit napel, dans les mêmes milieux. Elle diffère principalement par ses fleurs jaune pâle en forme de casque plus étroit et plus allongé.

Si la composition en alcaloïdes présente quelques différences, les deux plantes sont comparables sur le plan toxicologique.

 

 

L'usage "violent" de l'Aconit semble remonter à l'aube de l'histoire humaine. L'Aconit est citée dans la mythologie grecque et les récits de l'antiquité. Toutefois, un doute existe, à travers certains textes des Anciens, sur une éventuelle confusion entre le genre actuel Aconit et une Doronic (Doronicum perdalianches, Astéraceae), plante proche de la marguerite, pourtant peu toxique ?

Plus tard, on retrouve l'Aconit dans la littérature policière puis, plus récemment, dans des séries policières télévisées.

 

En Europe, les préparations à base d'Aconit ont été utilisées dans le traitements des névralgies douloureuses et congestives, des douleurs rhumatismales, également comme hypothermisantes et comme sédatives de la toux. Elles ont toutes été abandonnées à l'exception de préparations homéopathiques. De ce fait, les intoxications accidentelles ou intentionnelles restent relativement rares en Europe par rapport à l'Asie où elles sont beaucoup plus fréquentes en raison de l’utilisation d'espèces du genre Aconit en médecine traditionnelle.

En France, soixante seize cas on été recensés dans es centres antipoison depuis l'année 2000. Elles ont été récemment le fait de confusions botaniques : confusion entre feuilles de Coscoll et feuilles d'Aconit napel pour la préparation d'une salade, confusion entre follicules d'Aconit napel et haricots sauvages, décrites dans la littérature médicale.

 

Autrefois, l'Aconit a pu également être utilisée pour la préparation d'appâts empoisonnés à destination des renards et des loups.

 

Toutes les parties de la plante renferment des alcaloïdes toxiques dont le principal est l'aconitine.

L'aconitine prolonge l'activation des canaux sodiques voltage-dépendants des membranes cellulaires post synaptiques, bloquant la transmission de l'influx nerveux au sein des tissus nerveux (centraux et périphériques) et au niveau des plaques motrices des tissus musculaires et cardiaques.

 

Après ingestion, les premiers signes d'intoxication apparaissent entre 10 min et une heure : sensations de brûlures, picotements, fourmillements, engourdissement, de la bouche, la face, s'étendant par la suite aux quatres membres et à l'ensemble du corps, avec faiblesses musculaires et difficultés respiratoires. Ces signes neurologiques s'accompagnent de frissons, sudations, d'une salivation importante, de nausées, vommissements, diarrhées. Suivront ensuite les manifestations cardio-vasculaires : hypotension, tachycardie, puis troubles du rythme et de la conduction cardiaque potentiellement mortels.

 

Ovide - Les Métamorphoses - VII Thésée (VII, 404-452)

 

"Égée reçoit Médée dans sa cour. Déjà cette faiblesse le condamne. Mais, non content de lui donner un asile, il s'unit avec elle par les nœuds de l'hymen. Thésée venait d'arriver dans Athènes. Son bras avait purgé l'isthme des brigands qui l'infestaient. Il ignorait son illustre origine. Médée conspire contre les jours de ce héros. Elle prépare l'aconit qu'elle avait elle-même jadis apporté de Scythie, et qu'on dit être né de l'écume vomie par le chien des Enfers. Il est dans cette contrée une caverne dont l'entrée ténébreuse conduit à l'empire des morts. C'est par là qu'Hercule traîna l'affreux Cerbère attaché par des chaînes de diamant. Le monstre détournant ses yeux farouches, repoussait, la lumière et l'éclat du soleil. Tandis qu'il résistait en vain, irrité par sa rage, et de trois aboiements épouvantant les airs, il répandit son écume sur la terre. On dit qu'elle s'épaissit, et que, nourrie et fécondée par un sol fertile, elle devint le germe d'une plante, poison terrible que les habitants des campagnes appellent aconit, parce qu'elle croît sur les rochers, et qu'elle y vit longtemps. Trompé par les artifices de son épouse, Égée avait déjà présenté ce poison à son fils, comme à son ennemi. Thésée, sans défiance, tenait déjà la coupe fatale, lorsque jetant les yeux sur l'ivoire qui garnit son épée, Égée reconnaît son fils, écarte de sa bouche le funeste breuvage; et Médée n'échappe à la mort qu'en disparaissant dans un nuage obscur formé par ses enchantements."

 

 

 

 

Autres articles de ce blog consacrés à l'Aconit : "La charbonière du Hohneck" et "Autre horizon".

 

 

Pline l'ancien. Histoire naturelle. Tome second. Livre XXVII. http://remacle.org/bloodwolf/erudits/plineancien/livre27.htm

Ovide. Les Métamorphoses - VII Traduction (légèrement adaptée) de G.T. Villenave, Paris, 1806 http://bcs.fltr.ucl.ac.be/META/07.htm

 

Dupont F, Guignard JL. Botanique. Les familles de plantes. 16eme ed. Editeur Elsevier Masson. p 172-180

Botineau M. Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs. Editions Tech et Doc Lavoisier.

Gire L. Connaître et reconnaître les plantes médicinales. Editons Ouest France.

 

Skaltsa H et al. L'aconit chez Nicandre et de nos jours. Revue d'Histoire de la Pharmacie 1997 ; 316 : 405-410

Roser A, Les empoisonnements dans les romans de C.L.Grace. Thèse de doctorat d'exercice en pharmacie. Université de Lorraine, décembre 2012.

Simon N, Le poison dans l'histoire : crimes et empoisonnements par les végétaux. Thèse de doctorat d'exercice en pharmacie. Université de Lorraine, septembre 2003. 

Ellis Peters. Le capuchon du moine. Collection Grands détectives, Editions 10/18 .

 

Chi-Jung Tai et al. Clinical aspects of aconitum préparations. Planta Med 2015 ; 81 : 1017-1028

Plenert B et al. Plant exposures reported to the Poisons Information Centre Erfurt from 2001-2010. Planta Med. 2012 ; 78(5) : 401-8.

Lefebvre L. Toxicité des médicaments chinois.  https://www.inspq.qc.ca/toxicologie-clinique/toxicite-des-medicaments-chinois

Sheth S et al. Herb-induced cardiotoxicity from accidental aconitine overdose. Singapore Med J. 2015 ; 56(7): e116–e119.

Fiddes FS. Poisonning by aconitine. Report of two cases. Br Med J 1958 ; 2(5099) :779-80.

Lowe L et al. Herbal aconite tea and refractory ventricular tachycardia. N Engl J Med. 2005 ; 353(14) :1532.

Grossenbacher F. L'Aconit, la "reine des poisons" : suicide mode d'emploi des plantes toxiques sur internet. Toxcologie analytique et clinique. 2017 ; 29 : S56-S57.

Larabi K et al. La Presse Médicale 2013 ; 42(3) : 353-4.

Dominois-Heraud AM et al. Annales françaises d'anesthésie et de réanimation 2012 ; 31 : 262-3

 

 

 

 


21/01/2018
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Aconit : la charbonnière du Hohneck.

Venant du Kastelberg, sur le sentier des crêtes en direction du Hohneck, passé les arêtes du Spitzkoepfe, s'ouvre sur le versant alsacien, le vaste cirque glaciaire du Wormspel ...

 

"Cependant ... que nous avons à nos pieds, dans les escarpements ... du Worspel, tant de jolies plantes à cueillir, nous ne pouvons rester longtemps inactifs.

Allons-y donc, dans ces escarpements.

...

Laissez-moi pourtant vous raconter encore une petite histoire relative à la Flore du Hohneck ... vous parler un peu poison à propos de l'Aconit, qui se trouve en abondance dans ces couloirs à pic d'où nous venons. Cette histoire vous prouvera que les connaissances botaniques sont utiles, aussi bien en temps de paix qu'en temps de guerre, et elle vous rappellera aussi que si vos grand-pères, du moins quelques-uns, furent des botanistes émérites, vos grand'mères, du moins l'une d'elles, ne le leur cédaient en rien.

C'était (dit l'histoire du charbonnier du Hohneck, rapportée par X. Thiriat), pendant l'invasion de 1814. Un détachement de cosaques pilla la cabane du charbonnier, tua sa mère et ses trois enfants.

En rentrant avec sa femme et, voyant à son retour, les siens tués et la cabane ruinée, il voulut se venger et sauta sur son fusil. Laisse faire, lui dit sa femme : ils sont trop, tu ne pourras en tuer qu'un et les autres te tueront à ton tour. Laisse-moi faire, et pendant que tu enterreras ma mère et nos enfants, je me vengerai.

L'homme écouta. Elle descendit dans les escarpements, cueillit de l'Aconit, le mélangea à quelques légumes échappés au pillage, puis alla s'offrir comme cuisinière au camp ennemi. Elle fut acceptée, prépara le souper et versa dans la marmite les légumes qu'elle avait apportés et s'esquiva.

Le lendemain, au point du jour, elle conduisit son mari sur la montagne; tous les cosaques étaient morts, leurs cadavres étaient raidis par la gelée et gisants sur le sol.

Dans son horreur, cette légende est éloquente encore au point de vue botanique.

Aujourd'hui, les cosaques ne sont plus chez nous. Les temps ont bien changé, mais l'Aconit ... est  toujours là ! Qui sait si nous n'avons pas, maintes fois, nous-mêmes, touché à la plante qui a fourni le poison à la femme du charbonnier ?"

 

Extrait de : Brunotte C. La flore des Hautes-Vosges et ses plantes officinales : conférence du 3 mai 1903, à la Ligue de l'enseignement à Gérardmer. Éditeur : Berger-Levrault et Cie, Nancy 1903. lien bnf.1

Le Pr Camille Brunotte enseignait tout début du 20ème siècle à l'Ecole supérieure de pharmacie de Nancy.

 

Une version plus exhaustive de l'histoire "La charbonnière du Hohneck" est contée dans le numéro de 1904 de la revue régionale  "Le pays lorrain" pages 354-356. lien bnf.2

 

 

L'Aconit est à suivre dans les articles suivants : "Autre horizon" et "Le capuchon de moine".

 

Aconit napel (Ranunculaceae) dans le cirque du Wormspel 14.07.2017

Aconit napel (Ranunculaceae) dans le cirque du Wormspel 14.07.2017

Aconit napel (Ranunculaceae) dans le cirque du Wormspel 14.07.2017

Aconit napel (Ranunculaceae) dans le cirque du Wormspel 14.07.2017

Aconit tue-loup (Ranunculaceae) entre Gaschney et Frankenthal, 16 juillet 2017.

Aconit tue-loup (Ranunculaceae) entre Gaschney et Frankenthal, 16 juillet 2017.

Aconit tue-loup (Ranunculaceae) entre Gaschney et Frankenthal, 16 juillet 2017.

Aconit tue-loup (Ranunculaceae) entre Gaschney et Frankenthal, 16 juillet 2017.


23/12/2017
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Lis martagon

Juillet, sur les crêtes vosgiennes entre le Kastelberg et le Honneck.

 

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017

Crêtes vosgiennes le 14 juillet 2017


23/11/2017
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Sceau de Salomon

Polygonatum odoratum (Asparagaceae)

 

Cette espèce de 20 à 50 cm fleurit d'avril à juin. Elle apprécie la chaleur des sols calcaires, les bois clairs et les haies.

Les tiges émergent à partir d'un rhizome souterrain épais. La plante doit son nom à la cicatrice laissée chaque année sur le rhizome à la disparition de la tige. Les feuilles ovales sont disposées en deux rangs sur la tige arquée, anguleuse. La floraison progressive de la base vers le sommet n'intervient que lorsque un minimum de feuilles sont apparues sur la tige. Les fleurs d'une vingtaine de mm, blanches à sommet verdâtre, solitaires ou par deux, pendent sous la tige à l'aiselle des feuilles.

A maturité, les baies de 6 à 10 mm sont bleu-noir. Ces baies contiennent des saponosides irritants pour le tube digestif (nausées, vommissements, diarrhées). Leur ingestion pouvant conduire à une symptomatologie plus marquée avec soif, fièvre, céphalées et ralentissement du rythme cardique.

 

Polygonatum odoratum se distingue d'une espèce proche Polygonatum multiflorum, un peu plus haute, à la tige arrondie, aux fleurs un peu plus petites disposées en grappe sous la tige et préférant les lieux frais et humides.

 

Sigolsheim, 01/05/2017

Sigolsheim, 01/05/2017

http://canope.ac-besancon.fr/flore/nom_com/sceaux_de_salomon.htm

http://www.zoom-nature.fr/sceau-de-salomon-officinal-toutes-les-fleurs-ne-se-valent-pas/

http://www.botarosa.org/botarosa/plantes/salomon.htm

Girre L. Connaître et reconnaître les plantes médicinales. Editions Ouest France.

 


28/05/2017
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La Capselle bourse à pasteur.

Capsella bursa-pastoris (Brassicaceae)

 

La Capselle bourse-à-pasteur est une plante très répandue de 20 à 50 cm de hauteur. La tige est simple ou ramifiée. Les feuilles de la base, fortement divisées, à la façon des Pissenlits, sont réunies en rosette. Les jeunes rosettes de feuilles récoltées en hiver ou en début de saison peuvent être dégustées en salades. Les feuilles de la rosette souvent fanent et jaunissent avec le developpement de la tige florale. Des feuilles moins découpées, embrassantes poussent le long de la tige.

La Capselle fleurit de mars à décembre. Ses fleurs sont petites, blanches, regroupées en grappe. La corolle comporte 4 pétales, blancs, libres à l'extrémité arrondie, deux fois plus longs que les 4 sépales ovales de couleur verte. On dénombre 6 étamines dont 2 plus courtes. Le pistil est surmonté d'un seul style assez court. 

Fleurs et fruits cohabitent sur la tige, fleurs en haut et fruits en bas. Les fruits sont petits, aplatis en forme de coeur ou de bourse, observables toute l’année.

Le nom de la plante, Capsella, la petite boite en latin, fait référence à ses fruits, évoquant le sac ou la bourse de bergers, par la forme, ou l'aspect plat et vide.

Une confusion est possible avec une espèce voisine Capsella rubella dont les sépales sont teintées de rouge et les bords du fruit sont concaves.

 

Colmar RN83 04.04.2017

Colmar RN83 04.04.2017

Colmar RN83 04.04.2017

L'usage populaire attribue des vertues hémostatiques à l'infusion ou aux extraits fluides obtenus à partir des parties aériennes de la Capselle.

Saignement de nez, plaies superficielles, pour l'usage local ; règles abondantes voire hémorragies uterines en substitution des dérivés de l'ergot de seigle pour la voie générale. Ces propriétés médicinales doivent elles être attribuées à la plante elle même ou à son parasite fréquent : une rouille blanche (Albugo candica) recouvrant d'un dépot blanchâtre et déformant les tiges en saison humide (printemps et automne) ?

Seule persiste aujourd'hui, au niveau de l'European Medicines Agency, une indication pour la réduction des règles abondantes après examen et exclusion d'une étiologie sérieuse par un clinicien : voie orale, parties aériennes séchées, en infusion ou extraits fluides.

 

Colmar RN83 04.04.2017

Colmar RN83 04.04.2017

Quoi de plus anodin et passif qu’une petite graine ? Une petite graine rangée dans une petite boite en forme de cœur !

Une étude, menée dans les années 70, a montré que les graines de la Capselle, entourées d’une enveloppe mucilagineuse, sont capables en laboratoire d’attirer, de fixer, de tuer puis de dégrader par une enzyme (protéase) des larves de moustiques. Plus proche du milieu naturel d’une graine de Capselle, la même séquence se déroule pour des microorganismes tels que bactéries, nématodes ou protozoaires.

Un travail préalable avait montré la faculté des graines à assimiler des acides aminés utilisés pour la croissance de la plantule.

La séquence précédente de l’attraction à la dégradation d’une proie apparaissait alors comme le préalable logique à une assimilation par la graine des produits de digestion de microorganismes.

Quelle est la part réelle de ces mécanismes en milieu naturel pour une graine, organe de réserve censé assurer de façon quasi autonome le développement de la plantule ?

Les graines de la Capselle sont elles « carnivores » ?

 

http://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-75016-description

Couplan F. Salades sauvages. Editions : Sang de la terre.

Spohn R et M. Fleurs et insectes. Editions Delachaux et niestlé. p119-120

http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/Herbal_-_Community_herbal_monograph/2011/01/WC500100946.pdf

http://www.ema.europa.eu/docs/en_GB/document_library/Herbal_-_HMPC_assessment_report/2011/01/WC500100944.pdf

Barber JT. Carnivorous plant newsletter 1978 ; 7 : 39-42.

 


14/04/2017
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La Ficaire

Ficaria verna (Ranunculaceae)

 

La Ficaire fleurit de fin février à avril alors que les feuilles des arbres sont encore en bourgeons.

Cette année elle était en fleur mi février dans le vignoble bordelais alors que qulelques rares fleurs apparaissent en ce moment, soit un mois plus tard, en Alsace dans les sous bois des étangs d'Ingersheim.

La fleur de 2 à 3 cm de diamètre comprend trois sépales verts, de 6 à 12 pétales jaune vif, elliptiques et étroits avec une fossette nectarifère à la base, de nombreuses étamines et un pistil comportant de nombreux carpelles libres.

 

Les petites feuilles luisantes, en forme de cœur dans le prolongement d’un pétiole de longueur variable ne sont visibles qu’en hiver et au printemps. En été, seules persistent de la plante les racines enfouies dans le sol. A la fin de la floraison lorsque les feuilles sont encore visibles, de petits renflements apparaissent à l’aisselle de certains pétioles. Ces tous petits bulbes qui se détacheront lorsque les feuilles faneront, assureront la multiplication végétative de la plante.

 

Le nom Ficaire vient du latin ficus, la figue en latin, évocation des racines renflées de la plante. Les racines participent à un cycle végétatif original pour nos régions : l’existence exclusive de feuilles en hiver et au printemps.

En été, les feuilles disparaissent, la plante entre en dormance après son activité hivernale et printanière. Il ne subsiste que des racines, des racines épaisses « renflées » chargées de réserves d’amidon grâce à la photosynthèse du soleil printanier sur les feuilles. A l’automne, la baisse de température réveille le bourgeon de la tige souterraine. Apparaissent des racines fines, absorbantes, puis les premières feuilles à l’entrée de l’hiver. Pendant l’hiver la plante puisera dans les réserves en sucre de ses racines « renflées » pour développer ses feuilles.

 

Toujours ces racines renflées … par la « théorie des signatures », du fait de leur ressemblance avec les hémorroïdes, elles sont utilisées pour la production de crèmes indiquées pour l’amélioration de la circulation veineuse.

 

R Thomas, D Busti et M Maillart. La Ficaire, une fausse renoncule. http://biologie.ens-lyon.fr/ressources/Biodiversite/Documents/la-plante-du-mois/la-ficaire-une-fausse-renoncule

Lenne C. Dans la peau d'une plante. Éditions Belin. p 177

Botineau M. Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs. Editions Tech et Doc Lavoisier.

 


19/03/2017
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